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13 juillet 2018 à 08:03

Très bel article sur NR 86 d' Augustin AUDOUIN.

Superbe article de notre Stadiste Journaliste à La Nouvelle république Augustin AUDOUIN , au coeur de la fan zone de Blossac à Poitiers. Jetez un œil au papier et essayez de trouver la double dédicace ( Indice : Vers la fin du texte : Un mec qui aime bien montrer sa … Dans la photo,sous le drapeau ,le meilleur gardien du club).

Vivement dimanche

Des milliers de fans ont vibré à Blossac, mardi soir, pour les Bleus. Ils attendent, avec impatience, la finale, dans trois jours à Moscou.


Il avait deux ans, le 12 juillet 1998. Un soir comme les autres pour lui, où ses yeux naïfs saisissent, difficilement, l’excitation familiale. Il avait dix ans lorsque la froideur des Italiens vient, injustement, mettre un terme à son utopie. Il avait vingt ans, enfin, lors de la terrible désillusion de l’Euro 2016, perdu à la maison.
Bref, plus de larmes de tristesse que de joie pour le Charentais de naissance, de passage à Poitiers pour son stage estival. Mardi, au bureau, impossible de se focaliser sur sa tâche, la tension d’une demi-finale de Coupe du monde déjoue toute tentative de concentration.

Un but libérateur

18 h 30 enfin, comme des millions d’autres Français, il enfile son maillot bleu et blanc, et se maquille les joues. Direction la fan zone de Blossac où la perspective d’une finale transcende plus de 8.000 supporters dans une ambiance déjà bouillonnante. Il faut maintenant attendre le début du match. L’atmosphère s’électrise. Les minutes deviennent des heures. A l’image d’un paquet de bonbons acheté au cinéma, les ongles de ses dix doigts, rongés agressivement, ne résistent pas à l’attente du coup d’envoi.
La première mi-temps se mue en véritable round d’observation, et la crispation le gagne, comme des milliers de fans en quête de l’explosion. Côté Belge, Hazard a des jambes de feu et Kompany tient sa défense. Les fantômes de 2016 commencent, lentement, à ressurgir. Impossible pour lui d’oublier sa première expérience en fan zone à Angoulême (16), lors de la finale de l’Euro 2016 perdue face aux Portugais. Et s’il était le chat noir ? Et si on allait perdre ? Ce genre de match couperet se joue sur des détails, et chaque Français, par appropriation, se crée les siens.
Mais ces Bleus-là planent au-dessus des superstitions et se montrent plein de combativité et de maîtrise. Une patience récompensée à la 51e, lorsque Umtiti coupe la trajectoire d’un corner tiré par Griezmann, glissant le pays dans le vertige, l’espace d’un instant suspendu. La terre tremble sous les sauts désordonnés des supporters. La bière vole au-dessus des corps en émoi. Les chants, repris à l’unisson, assimilent le héros 2018, Umtiti, à celui de 1998, Thuram, vingt ans après son doublé historique face à la Croatie.
Le plus dur est fait mais il s’agit encore de tenir 40 minutes. Les Bleus reculent devant les ultimes assauts belges mais, restent solides et généreux, jusqu’au coup de sifflet final libérateur. Parmi la foule en délire, le jeune homme de 22 ans tombe dans les bras de son pote Lucas et embrasse des inconnus, dans un sentiment d’unité absolu. Tous regardent dans la même direction. Tous dansent, chantent et exultent pour la même raison. Tous se réunissent ensuite place du Maréchal-Leclerc, pour fêter la victoire. Varane, Matuidi, et, évidemment, Mbappe sont au cœur des louanges.
Dimanche, le Charentais espère que les sanglots du passé se convertiront en liesse collective. Il ne pense qu’à ça. Il est habité par ça. Ce supporter, encore frissonnant ce jeudi matin, c’est moi. C’est vous. C’est nous.

 

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